L'Histoire du Japon

09/07/2015 13:32

L'Histoire du Japon comprend l'histoire des îles du Japon et du peuple japonais, couvrant depuis l'histoire ancienne de la région jusqu'à l'histoire moderne du Japon en tant qu'Etat-nation. La première référence écrite connue au Japon est une information brève donnée dans les Vingt-Quatre Histoires, une collection de textes d'histoire chinois, datant du Ier siècle av. J.-C. Cependant, il existe des preuves d'occupation humaine sur ces îles depuis le paléolithique supérieur (entre 35 000 et 10 000 ans avant notre ère). A la suite du dernier âge glaciaire, autour de 12000 avant notre ère, le riche écosystème de l'archipel japonais donna naissance à la culture Jomon, et ainsi à la période du même nom, première des 14 subdivisions de l'histoire du Japon.

Origines (jusqu'à - 12 000)

La date du premier peuplement du Japon reste discutée. De récentes études anthropologiques suggèrent que les premiers colons du Japon viendraient de Sibérie et/ou de Polynésie. Au début de cette période, les îles japonaises étaient reliées entre elles. De plus, jusqu'en 13 000 avant J.C environ, elles étaient reliées au continent par la glace. La fonte des glaciers de la fin du Pléistocène isola et créa la forme actuelle de l'archipel.
Le chiffre de - 200 000 ans a été avancé à la suite des découvertes exceptionnelles de l'archéologue japonais Shinichi Fujimura Elles se sont finalement avérées être des montages car il avait introduit frauduleusement des objets dans des niveaux anciens. Il a été démasqué en 2000. Toutefois, certains ouvrages sur l'histoire du Japon ne tiennent pas compte de cette remise en cause et sont à lire avec précaution.
Des âges de - 30 000 ou - 40 000 ans (sites dans la préfecture de Miyagi) sont plus généralement acceptés. Cette période se caractérise par les plus vieilles pierres polies découvertes. Les peuples de l'époque ne maîtrisaient ni la céramique, ni l'agriculture sédentaire mais exploitaient ou importaient de Corée l'obsidienne.

Proto-Histoire (- 12 000 à 250)

Période Jomon

La période Jomon caractérise la culture qui se développe au Japon à partir de - 12 000. La datation qui coïncide avec la fin de l'âge glaciaire correspond au début de la poterie. Elle couvre la période qui s'étend du Xe millénaire av.J.C, fin de la Période précéramique paléolithique, au 3ème siècle av.J.C. Cette civilisation est la première au monde à faire de la poterie où sont formés des décors (mon) à marquages de cordes (jo), d'où le nom Jomon.

Des origines légendaires

Les origines de la civilisation japonaise sont aussi inscrites dans la légende. Selon la tradition, le 11 février 660 avant J.C est la date de la fondation du Japon par l'Empereur Jimmu. C'est du moins de cette manière que l'histoire japonaise est relatée dans les premiers écrits datant des 6ème et 8ème siècle, peu après l'adoption du système d'écriture chinois et du bouddhisme.
À cette époque, les empereurs luttaient pour renforcer leur pouvoir. Afin de légitimer leur place sur le trône, ils ont ordonné la création de collections de poèmes mythologiques expliquant que leur pouvoir provenait d'Amaterasu, la déesse du soleil qui enfanta Jimmu Tenno, premier empereur légendaire duquel descendrait la famille impériale actuelle.

Les roi Wa

Les sources chinoises semblent plus crédibles en décrivant un pays nommé Wa dirigé par différentes familles possédant chacune leurs dieux. La grande impératrice de Wa (Harmonie) serait une impératrice nommée Pimiko.

Période Yayoi (- 300 à 250)

La civilisation Yayoi se développe à partir de - 300 dans l'Ouest de l'archipel, à partir d'un flux migratoire dont la provenance continentale est discutée. Les migrants s'installent dans la plaine de Yamato autour de Nara, et développent la riziculture inondée, la métallurgie du bronze et du fer, et la poterie au tour. Les premiers oppida (fortification) fortifiés sont attestés, et Tokyo apparaît à cette période.
La société se divise en clans et règne sur toute la partie Sud de l'archipel, en laissant le Nord aux Aïnous (présents aussi à l'Est de la Russie). La période Yayoi connaît également le développement de la culture Yamato et du shintoïsme qui sont à l'origine de la lignée impériale japonaise via la déesse du soleil, Amaterasu. En 239, l'Ouest du pays (Yamatai) est dominé par la reine Himiko.

Période Ancienne (250 à 1185)

Période Yamato (250 à 710)

La période Yamato marque la naissance d'un véritable État, et se divise en deux sous-périodes, la période Kofun et la période Asuka.
La période Kofun débute avec l'invasion de cavaliers venus de Corée, qui vont progressivement conquérir la plupart du Japon et créer le premier État japonais : le Yamato. Cette société va s'implanter définitivement et donner les bases culturelles du Japon.
La période Asuka est marquée par l'arrivée du bouddhisme au Japon, en 538. La victoire du clan Soga permet au bouddhisme de devenir religion officielle à la cour du Yamato en 587. Le prince et régent impérial Shôtoku adoptent les éléments principaux de la culture sinocoréenne du Yamato en 592 et la première ambassade officielle du Yamato est inaugurée à la cour des Sui (dynastie chinoise) en 600.
Les années 645 et 646 sont marquées par un sanglant coup d'État, au cours duquel le clan Soga est écarté du pouvoir. La grande réforme Taika est proclamée pour accélérer la sinisation de l'État du Yamato. Des codes inspirés de ceux des Tang (dynastie chinoise) régissent alors la vie publique, le droit et le protocole de l'État.
En 663, un corps expéditionnaire est envoyé en Corée pour porter secours au roi de Paekche (royaume du Sud-Ouet de la Corée). Malgré la défaite du corps, et le repli du Yamato sur l'archipel, des immigrants coréens sont accueillis à la cour.

Epoque de Nara (710 à 794)

L'époque de Nara débute en 710 par la construction d'une capitale fixe à Nara, sur le modèle des capitales chinoises. Les grands monastères de la ville, tels que Horyûji et Tôdaiji, sont construits grâce à l'expansion économique de la civilisation.
Les mythes et légendes fondateurs de la dynastie sont rédigés de 712 à 720, et la compilation de l'anthologie poétique du Man'yoshû ("recueil de dix mille feuilles") est réalisée vers 760. En 784, afin d'échapper aux moines bouddhistes, l'empereur Kammu déplace la capitale à Nagaoka.
À la fin du 8ème siècle, le Nord-Est de l'archipel passe sous l'influence de la cour impériale suite aux campagnes militaires. La fin de l'époque de Nara est marquée, en 794, par un nouveau changement de capitale pour Heian Kyô (Kyoto).

Epoque de Heian (794 à 1185)

L'époque de Heian ("paix") est considérée comme l'apogée de la cour impériale japonaise et est célébrée pour ses arts, notamment la poésie et la littérature. Cette période marque aussi le début de l'expansion du bouddhisme au Japon.
Nominalement, l'empereur règne, mais, à partir de 866 le pouvoir passe entre les mains des régents Fujiwara. En effet, pour protéger leurs possessions en province, les Fujiwara et d'autres familles nobles requièrent des gardes, une police et des soldats. La classe guerrière gagne ainsi progressivement de grands pouvoirs durant la période Heian.
En 1167, Taira no Kiyomori, chef du clan Taira est nommé Daijo-daijin (Premier ministre) et forme le premier gouvernement samouraï de l'histoire. En 1180, remettant au goût du jour une pratique des Fujiwara, il place son petit-fils Antoku sur le trône pour régner par régence. Cet acte cause la guerre de Gempei, qui se termine cinq ans plus tard par l'élimination du clan Taira et l'arrivée au pouvoir de Minamoto no Yoritomo.

Période Féodale (1185 à 1603)

Période Kamakura (1185 à 1333)

En 1185, la guerre de Genpei entre les deux familles nobles Minamoto et Taira se termine avec la bataille de Dan-o-ura sur la victoire du shogun Minamoto no Yoritomo et la disparition de la famille Taira. Yoritomo installe ensuite le bakufu (shogunat) à Kamakura en 1192.
Les arts reflètent bien cette nouvelle époque. Rigueur et sobriété propres aux Bushis ("guerrier gentilhomme") amèneront notamment le développement du Zen (forme de bouddhisme basée sur la méditation) très prisé par les guerriers. La littérature romantique raffinée et la composition de poèmes (Waka) de l'ère Héian fait place aux récits historiques guerriers (Heïke Monogatari).
En 1219, les Hôjô succédèrent aux Minamoto pour un siècle. Ils vont devoir affronter deux grandes épreuves : les invasions mongoles de Kubilai Khan. A deux reprises, celui ci essaya de conquérir l'archipel en partant de Corée. Par deux fois, sa flotte fut balayée par des typhons, l'obligeant à abandonner. Ces vents salutaires furent appelés "Kamikaze" (Vents Divins) par les Japonais.
Ces deux guerres succesives affaiblirent les Hojo qui perdent le pouvoir en 1333.

Restauration de Kemmu (1333 à 1336)

La restauration de Kenmu (Kemmu no shinsei) couvre les trois ans séparant la chute du shogunat de Kamakura de l'arrivée au pouvoir du shogunat Ashikaga, quand l'empereur Go-Daigo se lance dans la tentative avortée de rétablir le contrôle impérial sur le Japon, disparut depuis 866.
En 1333, alors le shogunat est détruit, Go-Daigo retourne alors à Kyoto après un exil de 2 ans en étant convaincu que les jours des shoguns et autres usurpateurs étaient terminés et que l'empereur pourrait régner comme dans le passé. Cependant, son régime n'a ni l'expérience administrative, ni le pouvoir sur les provinces nécessaires pour gérer une société dominée par les guerriers.
Go-Daigo refuse de nommer Ashikaga shogun même lorsque celui-ci le lui demande directement en 1335, et quand ils s'affrontent l'année suivante, le résultat est immédiat. Takauji écrase les restes des loyalistes à la bataille de Minatogawa et installe un empereur fantoche, Komyo, sur le trône, avant de se faire officiellement nommer shogun en 1336 et d'établir le shogunat de Muromachi.
De son côté, Go-Daigo fuit Kyoto pour se réfugier à Yoshino où il établit sa cour du Sud. Ceci débute alors un schisme entre les deux branches rivales de la famille impériale, qui durera jusqu'en 1392. La restauration de Kemmu est un échec, mais l'idée d'un règne impérial reste vivante, et débouche finalement sur la fin de siècles de gouvernement shogunal lors de la restauration de Meiji en 1868.

Période Muromachi (1336 à 1573)

Pendant cette période, le Japon fut contrôlé par des shoguns de la famille des Ashikaga qui étaient installés à Kyoto. Le nom de cette période vient du site choisi à Kyoto par les Ashikaga pour y installer leur bakufu.
La période de Muromachi marque l'entrée dans un deuxième âge féodal caractérisé par un chaos généralisé dans le royaume et par une division dans la maison impériale, entre la cour du sud (de Yoshino) et la cour du nord (de Kyoto) qui avait confié le rôle de shogun à Ashikaga Taka, autorisant ainsi la fondation du deuxième bakufu, celui des Ashikaga (1338-1573). On désigne les années 1336-1392 sous le nom de Nanboku-chô ("période des cours du nord et du sud").
Avant la guerre, on ne parlait que de la période de la cour de Yoshino, parce que l'historiographie officielle considérait que la succession légitime s'était transmise par la cour du sud, bien que la réunification se soit effectuée dans l'intérêt de la cour du nord. On admet souvent que l'époque Muromachi va de 1336 à 1573, et que la période Naanboku-chô n'en constitue que la première partie.
L'époque de Muromachi est caractérisée par l'affaiblissement de l'autorité des shôgun sur les gouverneurs militaires provinciaux (daimyo). L'apogée de ce régime se situe au début du 15ème siècle, avec le gouvernement du troisième shôgun Ashikaga (1358-1408). A partir de 1467, les troubles se sont généralisés et on est entré dans la période des luttes entre les provinces (sengoku). Elle constitue la période finale de l'époque de Muromachi et se caractérise par la prise d'indépendance totale et le renouvellement rapide des familles de daimyô. On l'apelle le "Gekokujo Jidai".
C'est aussi à cette époque que les villes et le commerce se sont le plus développés, et que les contacts avec les occidentaux ont été établis, apportant le christianisme et les armes à feu en 1542.
Cette période prit fin lorsque Oda Nobunaga chassa de Kyoto le dernier des shoguns Ashikaga, Ashikaga Yoshiaki, et inaugura la période Azuchi Momoyama.

Période Azuchi-Momoyama (1573 à 1603)

Le nom d'Azuchi vient du château d'Azuchi appartenant à Nobunaga Oda (un imortant daimyo). Le nom de Momoyama vient quant à lui du nom de la colline où Hideyoshi Toyotomi (daimyo neveu par alliance de Oda) fit construire son dernier et plus beau château.
Il s'agit d'une période très importante de l'histoire du Japon car elle voit son unification, sous l'impulsion de trois grands hommes.
Le premier, Nobunaga Oda, prit la tête de son fief de Nagoya par des moyens brutaux (assassinat de son frère). Il tenta ensuite d'agrandir son maigre domaine par tous les moyens. Il s'allia avec Ieyasu Tokugawa, et remporta de nombreuses victoires, notamment lors de la bataille de Nagashino (province de Mikawi), qui l'opposait au fils de Shingen Takeda, le célèbre daimyo. Lors de cette bataille, les mousquets furent utilisés en nombre pour la première fois au Japon et apportèrent la victoire à Nobunaga Oda. Entre temps, il a nommé un nouveau shogun dont l'importance est très faible: Nobunaga est maintenant maître de tout le centre du japon. Il bat les sectes religieuses qui lui barraient la route et est nommé shogun par l'empereur. Alors qu'il partait rejoindre un allié en difficulté, gardé seulement par une faible escorte, il est trahi par un de ses généraux, Akechi Mitsuhide, qui le force à se faire Seppuku le 21 juin 1582.
Le deuxième grand unificateur du Japon est Toyotomi Hideyoshi. Il va se débarrasser de tous les autres prétendants au pouvoir suprême notamment Akechi Mitsuhide qu'il bat à la bataille de Yamazaki. Il reprend l'unification du Japon qui est finalement achevée en 1590 et expulse les chrétiens. Toyotomi Hideyoshi entreprend alors la conquête de la Corée. Il parvient à débarquer par surprise mais sa flotte est détruite par les navires coréens, les bateaux-tortues, menés par l'amiral coréen Yi Sun-sin qui y trouvera la mort et équipés de canons dont les navires japonais étaient dépourvus. Sur terre, les japonais sont battus et Toyotomi Hideyoshi meurt en 1598.
Le troisième, dernier et plus important homme de l'unification est Ieyasu Tokugawa. A la titanesque bataille de Sekigahara (elle dura plus de 24 heures) il se débarrasse de ses rivaux et prend le contrôle d'un Japon d'ores et déjà unifié. Il élimine le fils d'Hideyoshi, Toyotomi Hideyori, et instaure le bakufu (gouvernement militaire) qui lui donne le pouvoir absolu.

Période Moderne (1603 à 1868)

Epoque d'Edo (1603 à 1868)

Cette période est dominée par le shogunat Tokugawa dont Edo (ancien nom de Tokyo) est la capitale. Le shogunat contrôle le pouvoir politique, administratif et plus tard économique. Il existe aussi un empereur mais celui-ci ne possède que des fonctions spirituelles de grand prêtre et est le symbole du "génie national".
Après les nombreuses guerres féodales qui avaient eu lieu auparavant, les Tokugawa cherchent à réorganiser l'État et garantir la paix dans le pays. Pour cela, ils mettent au point un système encore très hiérarchisé et rigide grâce auquel ils peuvent contrôler totalement le pays. Ainsi, ce dernier est divisé en fiefs gouvernés par des seigneurs, les daimyos, eux-mêmes sous l'autorité du shogun.
Ceux qui avaient prêté allégeance aux Tokugawa avant 1603 sont nommés les "daimyos de l'intérieur" et ceux qui l'avaient fait après s'appellent les "daimyos de l'extérieur". Cependant, pour pouvoir maintenir ceux-ci sous son autorité, le shogun met en place un système de résidences alternées, le sankin-kotai, dans lequel les daimyos doivent résider à Edo, résidence shogunale, et ceci une année sur deux. De plus, ils doivent y laisser leur famille en guise d'otages.
De plus, cette époque se caractérise notamment par une fermeture du pays sur lui-même, appelée sakoku. Le Japon ne conserve que quelques liens diplomatiques avec la Corée et seules la Chine et les Provinces-Unies (Pays-Bas actuels) ont le privilège d'entretenir des relations commerciales avec lui. Les Européens ne sont pas admis sur le sol japonais sous peine de mort.
Cependant, ces derniers cherchent tout de même à entretenir des relations commerciales avec le pays. Cette pression fait même apparaître et renforcer un courant nationaliste dans tout le Japon. Ce n'est qu'en 1854 que le commodore américain Matthew Perry accompagné de navires de guerres réussit à convaincre le bakufu. Ce dernier, effrayé à la perspective d'entrer en guerre en cas de refus (comme ce fut le cas pour la Chine avec les guerres de l'opium) signe à contre cour la convention de Kanagawa. Celle-ci laisse ouverts les ports de Shimoda ( sud de la péninsule d'Izu, préfecture de Shizuoka) et Hakodate (sur Hokkaïdo) aux Américains.
Il en sera de même un peu plus tard pour la Russie, la Grande-Bretagne, les Pays-Bas et la France. 
Une première division s'effectue alors entre les partisans de l'ouverture et les xénophobes. En 1858, la noblesse plutôt xénophobe reproche au shogun d'avoir cédé à la peur des étrangers et de ne pas avoir consulté l'empereur. Cette scission marquera le début de la chute du bakufu.
Ainsi se prépare un affrontement entre les daimyos héréditairement créés par les Tokugawa au 17ème siècle et les daimyos de l'ouest qui se rangent du côté de l'empereur, s'opposants ainsi aux étrangers et au shogun. Les fiefs les plus puissants de ces derniers sont Choshu (ou Nagato, au Sud de Honshu) et Satsuma (actuelle Kagoshima, au Sud de Kyushu). Ceux-ci sont entraînés dans la rébellion contre le bakufu : des batailles s'engagent vers 1866 mais les armées shogunales ne parviennent pas à pénétrer le territoire de Choshu. Des alliances se dessinent alors entre Choshu, Satsuma et Tosa (Iles Shikoku) dont les chefs préparent un coup d'État.
Ainsi, le 3 janvier 1868, en présence de bushis, est proclamé à Kyoto "le retour à l'ancienne monarchie" et la fin du bakufu. L'époque d'Edo prend donc fin en 1868 avec la restauration du pouvoir impérial par l'empereur Mutsuhito et l'abdication du quinzième et dernier shogun, Yoshinobu Tokugawa.

Contacts avec l'occident

Durant le 16ème siècle, des commerçants venus du Portugal, des Provinces_Unies (Pays-Bas), d'Angleterre et d'Espagne débarquèrent au Japon, avec les missionnaires chrétiens. Pendant la première partie du 17èmesiècle, le shogunat japonais suspecta qu'ils étaient les prémisses d'une conquête militaire par les forces européennes et cessa finalement toute relation avec l'étranger exceptés certains contacts restreints avec des marchands chinois et néerlandais à Nagasaki (précisément sur l'île de Dejima). Cet isolement dura 200 ans, jusqu'à ce que le Commodore Matthew Perry force le Japon à s'ouvrir à l'Occident avec la convention de Kanagawa en 1854. En seulement quelques années, le renouement des contacts avec l'Occident transforma profondément la société japonaise. Le shogunat fut forcé de démissionner et l'Empereur reprit le pouvoir.

Epoque contemporaine (1868 à aujourd'hui)

Ere Meiji (1868 à 1912)

La restauration Meiji de 1868 initia de nombreuses réformes. Le système féodal fut aboli, et de nombreuses institutions occidentales furent adoptées, dont un système légal et de gouvernement ainsi que d'autres réformes économiques, sociales et militaires.
Elles transformèrent le Japon en une puissance mondiale connue sous le nom d'Empire du Japon. Le ministère de l'éducation est créé en 1871, il aura trois actions principales : prôner le nationalisme et la loyauté au pouvoir dans les écoles, valoriser les diplômes comme passeport pour l'emploi et introduire rapidement et massivement les connaissances étrangères.
Deux événements majeurs survinrent en 1876 avec tout d'abord l'interdiction du port du sabre pour les samouraïs, dorénavant réservé aux seuls officiers de l'armée impériale japonaise.
De plus, les pensions versées aux samouraïs par le gouvernement qui représentaient à cette date le tiers des dépenses de l'État furent retirées. En effet, l'Etat décida qu'il serait dorénavant plus profitable d'investir dans l'industrie naissante que d'entretenir un symbole d'un passé révolu.
Plus d'un millier de châteaux furent détruits sur ordre impérial. Les grands seigneurs, dépossédés de leurs terres, se virent incapables de subvenir aux besoins de plus d'un million de samouraïs. 
Il fut conseillé à ces derniers de se reconvertir dans d'autres activités. Tous ces bouleversements ne se firent pas sans résistance. Plusieurs révoltes de samouraïs eurent lieu dès 1874 qui durent être réprimées par la nouvelle armée nationale constituée de conscrits. La plus importante fut la rébellion de Satsuma, en 1877, menée par Saigo Takamori, ancien ministre de la Guerre. Ce dernier fut finalement vaincu lors de la bataille de Shiroyama. Cette véritable guerre civile s'acheva sur un lourd bilan : les impériaux déplorèrent 6 399 tués et 10 523 blessés. Les rebelles perdirent officiellement 7 000 tués et 110 000 blessés mais ces chiffres sont aujourd'hui considérés comme fortement sous-évalués et il est probable que les pertes des samouraïs approchèrent les 30 000 tués et blessés.
La guerre coûta au gouvernement japonais plus de 42 000 000 de yens de l'époque. Il fallut au pays près de 15 ans pour se remettre financièrement.
Ces transformations donnèrent naissance à une forte ambition, qui se transforma en guerre contre la Chine (1894-1895). Bien qu'ayant des effectifs presque 3 fois supérieurs, la Chine devra s'incliner et accusera près de 35 000 morts. Cette guerre aboutira au traité de Shimonoseki qui forcera la Chine à reconnaître l'indépendance de la Corée et à cèder à perpétuité au Japon la péninsule de Liaodong, l'île de Taïwan et les îles Pescadores.
En 1902 le Japon s'allie à la Grande-Bretagne, rivale de la Russie en Asie. Quatre ans plus tard s'engage la guerre russo-japonaise qui durera un an. Elle préfigurera les guerres modernes de par l'emploi de nouvelles techniques de guerre et un nombre de forces engagées monumental (sans doutes plus de 2 millions d'hommes au total).
En 1905, le traité de Porsmouth est signé, le Japon s'approprie la Corée, la région de Port-Arthur et une partie des îles Sakhaline (au nord de Hokkaido). Les Russes doivent quant à eux évacuer la Mandchourie du Sud, laquelle est rendue à la Chine.
En 1912, la mort de l'empereur Meiji sonne la fin de cette époque.

Ere Taisho (1912 à 1926)

L'ère Taisho est une brève période de l'histoire du Japon moderne, qui débuta en 1912 et qui s'acheva en 1926. Littéralement Taisho signifie Grande justice. Cette période correspond au règne de l'empereur Taisho (connu en occident de son vivant sous son prénom Yoshihito).
Dans un sens plus large la culture Taisho évoque une société en mutation dans les années 1920 et au début des années 1930, lorsque des modes occidentales, comme le jazz, sont apparues au Japon. Aussi, certains décrivent cette période comme la version japonaise des années folles.
Le 23 août 1914, l'Empire du Japon se range du côté du Royaume-Uni et de la France, déclare la guerre à l'Empire allemand suite à leur refus d'évacuer le territoire de Jiaozhou au Nord-Est de la Chine. Les gains territoriaux réalisés et consentis par les alliés lors de la Conférence de Versailles (le territoire de Jiaozhou et des îles du Pacifique sous mandat de la SDN) apparaissent toutefois nettement insuffisants à nombre de personnalités influentes comme Fumimaro Konoe (opremier ministre). Cette insatisfaction constituera l'un des germes de l'expansionnisme shôwa (intensification de l'expensionnisme militaire japonais).
Le 1er septembre 1923, pendant la régence de Hirohito, un grand tremblement de terre eut lieu dans la région de Kanto, faisant entre 100 000 et 140 000 morts. Celui-ci reste le plus meurtrier de l'histoire du Japon.

Ere Showa (1926 à 1989)

L'ère Showa (littéralement "Ere de paix éclairée") est la période de l'histoire du Japon où l'empereur Showa (Hirohito) régna sur le pays. Elle débute le 25 décembre 1926 et s'achève le 7 janvier 1989. Ce fut le plus long règne de tous les empereurs japonais.

Les débuts du militarisme

Le début de l'ère Showa voit l'État japonais tomber sous l'influence croissante de l'expansionnisme militaire avec un régime politique de plus en plus sévère et autoritaire. En 1931, le Japon prit possession de la Mandchourie qui reçut le nom de Manzhouguo. Cette dernière fut considérée dès lors comme une colonie au même titre que la Corée.
Le Japon se retira de la SDN en mars 1933 suite à une résolution lui demandant de se retirer de Mandchourie. En 1937 l'invasion de la Chine avait étendu l'empire japonais le long de la côte et sur le cours du Chang Jiang (ou Yangtsé) où l'armée impériale se livra à de nombreux masacres contre les populations civiles, notamment à Shanghai, Nankin, Canton et Wuhan. Lors de cette invasion, le Quartier-général impérial cautionna des massacres ainsi que l'utilisation des armes chimiques.
Après avoir signé en 1936 un pacte d'assistance (pacte anti-Komintern) avec l'Allemagne hitlérienne, le Japon rejoignit les forces de l'Axe en 1940. L'échec du conflit armé limité (incident de frontière de Nomonhan) avec l'Union soviétique de 1939 met un terme aux ambitions expansionnistes de l'Empire au nord.

Le conflit franco-japonais

En 1940, le Japon envahit l'Indochine française loyaliste à Vichy et conclut une alliance avec la Thaïlande qui à son tour, envahira l'Indochine française en 1941.

De Pearl Harbor à Midway

En 1941, suite à un embargo américain sur les ressources et matière première, l'empereur Showa lance la guerre de la Grande Asie orientale (Dai toa senso) qui débute par l'attaque sur Pearl Harbor, l'invasion de la Malaisie et celle des Philippines en décembre 1941. Cet événement donne une raison aux États-Unis pour prendre part à la Seconde Guerre mondiale.
Le Japon poursuit sa conquête de l'Asie du Sud-Est en envahissant Singapour, les Philippines, l'Indonésie, la Papouasie-Nouvelle-Guinée jusqu'à la frontière septentrionale de l'Australie et dans les archipels de l'océan Pacifique. Les Japonais s'installent aussi durablement en Birmanie.
Avec la bataille de Midway dans le Pacifique, l'expansionnisme nippon est interrompu : 1942 marque le tournant de la guerre du Pacifique.

 

De Guadalcanal à Iwo Jima

De 1942 à 1945, la situation militaire japonaise se dégrade dans le Pacifique. Les troupes impériales japonaises sont repoussées progressivement dans les îles Salomon, en Nouvelle-Guinée, en Birmanie et aux Philippines. Le conflit en Chine s'enlise.
L'offensive de 1944 en Inde, à Imphal, débouche sur un échec total. Après la victoire décisive à Iwo Jima, l'armée américaine débarque en avril 1945 sur le sol même du Japon, après la victorieuse bataille d'Okinawa.

La capitulation

Malgré le fait qu'il soit acculé de toutes parts, le Japon ne voulait toujours pas capitulé et ignora l'ultimatum de Potsdam. Le largage de deux bombes atomiques, la première sur Hiroshima le 6 août et une seconde le 9 août sur Nagasaki, ainsi que l'invasion de la Mandchourie par l'Union soviétique, conduisent l'Empereur Hirohito à annoncer lui-même la capitulation le 15 août.
Une délégation du gouvernement nippon se rend sur le pont du cuirassé américain USS Missouri pour signer, devant les généraux Alliés MacArthur et Leclerc, les termes d'une reddition sans conditions.

 

Le jugement des criminels de guerre

Plusieurs hauts officiers du régime Showa furent jugés pour crimes de guerre par le Tribunal de Tokyo. À titre de commandant suprême des forces alliées, Douglas MacArthur accorda toutefois l'immunité à l'empereur Showa et à tous les membres de sa famille impliqués dans la conduite des opérations militaires. Ainsi son frère Yasuhito Chichibu, maître d'ouvre de l'opération Lys d'or dont (récupération, puis dissimulation du butin de guerre), ses oncles et ses cousins comme le prince Yasuhiko Asaka, instigateur du massacre de Nankin, le prince Hiroyasu Fushimi, le prince Naruhiko Higashikuni et le prince Tsuneyoshi Takeda furent ainsi immunisés. Cette immunité fut également étendue à Shiro Ishii et à tous les membres de ses unités de vivisection humaine.

Un nouveau statut pour l'empereur

Depuis quinze siècles, le rôle de l'empereur était celui d'un dirigeant impérial. À compter de la restauration Meiji, il était devenu un véritable chef d'État, commandant de l'Armée et de la Marine. Avec la constitution de 1946, l'empereur Showa renonça à ses pouvoirs exécutifs de droit divin, ne faisant dorénavant que nommer le Premier ministre et le président de la cour suprême. Le rôle de l'empereur est défini dans le chapitre I de la Constitution du Japon de 1947. L'article 1 définit l'empereur comme le symbole de l'État.

De l'occupation à la fin des années 80

L'occupation du Japon correspond à la période de septembre 1945 à septembre 1952.
Le commandant en chef des forces alliés dans le Pacifique, le général Douglas MacArthur, devient gouverneur militaire du Japon après la reddition de celui-ci, le 2 septembre 1945. Il doit assurer la direction d'un pays exsangue (en ruine et très affaibli), qui doit rapatrier dans les lendemains de l'après-guerre 6 millions de compatriotes sur l'archipel nippon, en abandonnant les trois quarts des terres que l'Empire du Japon s'était constitué.
La structure administrative impériale est préservée, quoique les forces d'occupation américaines soient les seules maîtresses à bord jusqu'à la tenue d'élections libres. La situation de 1946 est catastrophique avec des villes en ruine et des récoltes laissant percevoir une famine contre laquelle les autorités doivent subvenir.
De leur côté, les États-Unis font l'expérience du nation building (restructuration de l'identité nationale) afin de mettre fin dans la mentalité des vaincus à un militarisme dont la nature radicale avait stupéfié tous les belligérants.
La comparaison avec l'époque des Empires amène les médias à surnommer MacArthur "vice-roi du Pacifique".
La période s'achève avec la signature du traité de San Francisco le 8 septembre 1951, qui entérine la paix hormis pour trois nations majeures dans un contexte affirmé de guerre froide. La capitulation de 1945 est soldée.
S'ouvre la guerre de Corée, reprise d'une guerre chaude régionale qui amène la réindustrialisation du Japon, devenat la base arrière des armées américaines, ce qui est à l'origine de son miracle économique (forte expansion économique et culturelle du Japon de l'après-guerre).

Ere Heisei (depuis 1989)

L'ère Heisei ("accomplissement de la paix") est l'ère actuelle du Japon. Elle a débuté en 1989 avec le début du règne de l'Empereur Akihito. Ainsi 2011 correspond à l'an 23 de l'ère Heisei.
Au début des années 1990, date à laquelle la bulle spéculative japonaise (bulle économique de capitaux) éclate, le "miracle économique" prend fin, marquant le début de la "décennie perdue". Ces années sont aussi marquées par une certaine instabilité politique (avec la première chute d'un gouvernement par une motion de censure en 1993) et plusieurs catastrophes d'origines humaine (attentat au gaz sarin dans le métro de Tokyo en 1995) ou naturelle (tremblement de terre de Kobe, également en 1995).
Actuellement, bien que sa part soit relativement faible dans les finances de l'État, le Japon occupe, en matière de budget militaire, la cinquième place dans le monde en chiffres absolus, mais l'importance de ce budget ne fait pas pour autant du Japon une grande puissance militaire. La constitution japonaise interdit en effet le maintien d'une armée, le droit de belligérance et le lancement de toute opération militaire en dehors de ses frontières autre que dans le cadre de l'autodéfense. La "force d'autodéfense" japonaise est un corps militaire professionnel disposant de moyens techniques avancés.
Avec la guerre en Irak en 2003, la Constitution a été aménagée pour pouvoir déployer des troupes hors de son territoire dans le cadre d'opérations à caractère strictement non militaire (reconstruction, aide humanitaire.). De la sorte, le Japon espère acquérir un rôle diplomatique plus en rapport avec sa puissance économique.
Le 11 mars 2011, un grave séisme de magnitude 9.0, suivi d'un tsunami, frappe l'est du Tohoku autour de Sendai, provoquant la mort de plusieurs milliers de personnes, de très graves dégâts dans toute la partie nord-est de Honshu et l'accident nucléaire de Fukushima.